le jouet

hirondelle.html
flotsbleus.html
 

Un petit gamin enfant des faubourgs

Sur les Grands Boul'vards et les plac's publiques

Venait, aux passants, offrir tous les jours

Un modeste lot de jouets mécaniques

C'étaient des soldats peints et chamarés

De toutes les arm's et de tous les grades

Faisant manœuvrer leurs sabres dorés dorés

Militairement comme à la parade.


Et le gamin adorait ses joujoux

Presqu'à la folie

Mais il devait hélàs les vendre tous

Pour gagner sa vie

Et chaque fois que l'un d'eux s'en allait

Ô douleur attroce

Un long sanglot en silence gonflait

Son cœur de gosse


Mais son préféré parmi ces soldats

Un bel officier hussard de la garde

Etant le plus cher, ne se vendait pas

Au moins celui-là, pensait-il, je l'garde

Lorsqu'un jeune enfant richement vêtu

Remarquant un jour le petit homm' d'armes

Vint pour l'acheter offrir un écu

Le pauvr' gosse alors fondit tout en larmes

Paroles Charles-Albert Abadie

Musique Gaston Gabaroche

1910

Pourquoi pleurer ? fit l'autre enfant très doux

D'un air de surprise

C'est que tu prends, dit-il, mon seul joujou

Et mon cœur se brise

L'autre bambin reprit alors ému

Et l'âme très bonne

Je te l'achète et puis ... ne pleur' plus

Je te le donne


Et depuis c'moment ce furent deux amis

Le voyant chaqu' jour dans les promenades

Tout comme deux frèr's tendrement unis

Partageant leurs jeux en bon camarades.

Mais au p'tit cam'lot voilà qu'un matin

On vint apporter la nouvelle affreuse

Que son compagnon était mort soudain

Emporté la nuit par la grand' faucheuse


Il prit alors son joujou, son hussard,

Son idole chère,

Puis il s'en fut le porter l'œil hagard

Sur la blanche pierre

Et se penchant contre la tombe il dit

D'une voix étrange :

Emporte le pour jouer au paradis

Avec les anges.

LES CHANSONS DE PAULETTE